Les animaux les plus comiques sont les plus sérieux ; ainsi les singes et les perroquets.
Charles Baudelaire, De l'essence du rire, Le Portefeuille, 1855.
Charles Baudelaire, De l'essence du rire, Le Portefeuille, 1855.
jeudi 21 juillet 2011
Leçons sur Tchouang-tseu
Comme presque toujours dans le Tchouang-tseu, la forme dialoguée est mise au service d'une dramaturgie. La but est de mettre en scène un retournement de situation. Pour bien comprendre ce texte et d'autres qui lui ressemblent, il faut sentir la force de ce procédé. Dans un ouvrage paru il y a une vingtaine d'années, The Art of Biblical Narrative, Robert Alter a mis en évidence l'art consommé du récit que l'on trouve chez les auteurs bibliques le plus anciens. Leurs récits sont si denses, dit-il, et d'une si grande économie de moyens que nous n'en percevons plus la richesse. C'est surtout parce que nous lisons vite et que ces textes exigent une lenteur, une réceptivité, une attention au détail qu'il nous faut réapprendre. Ces remarques valent pour le Tchouang-tseu. Robert Alter montre aussi que l'analyse littéraire permet souvent d'aborder ces textes anciens d'une façon plus sûre et moins conjecturale que l'histoire, l'archéologie et la philologie critique. Il montre que le récit, surtout le récit dialogué est l'un des plus puissants moyens que nous ayons pour communiquer notre vision de l'expérience humaine et qu'à ce titre, la fiction est un moyen supérieur de connaissance.
Jean-François Billeter, Leçons sur Tchouang-tseu, Allia, 2002
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